Manger moins de gras; la pire idée pour votre santé!

Le gras a été stigmatisé dans les 50 dernières années. Tant de fois je dois répéter à nos membres qu’il faut qu’ils rajoutent du gras dans leur alimentation. « Mais le gras est très calorique ! » j’entends ! Les calories n’ont rien avoir avec la santé ! Imaginez consommer 750 calories de boisson gazeuse comparativement à 750 calories de brocoli, est-ce que vous pensez qu’il n’y a pas de différence ? Toutes les membranes de nos cellules sont faites de gras. Nos hormones sont construites par le cholestérol qui provient du gras. Le cerveau est l’organe le plus gras avec une composition d’environ 60% de gras (1). Alors d’où vient cette idée de manger moins de gras équivaut à une meilleure santé ?

Dans les années 1950, quand les maladies cardiovasculaires ont été à la hausse, l’étude Framingham a montré un lien (non une cause à effet) entre ceux qui avaient du cholestérol élevé et plus de risque cardiovasculaire (2). Plusieurs études ont été lancées afin de comprendre ce qui augmentait le cholestérol sanguin et les premiers attaqués ont été le cholestérol alimentaire (bye les œufs !) et les gras saturés (bye le beurre !) (3). Le gouvernement a donc instauré des recommandations diététiques nationales (4). Celles-ci étaient de diminuer les gras alimentaires à 30 à 35% de la diète et d’augmenter les glucides (qui sont moins caloriques) à 55% de la diète (5). Il recommanda aussi de diminuer le cholestérol à moins de 300mg par jour et les gras saturés à moins de 10% de la diète.

En 2015, une étude (6) analysant les habitudes alimentaires et le poids des américains depuis les années 60 a été publiée. Les résultats ont été très intéressants ! L’épidémie d’obésité avait toujours été attribuée au fait que les américains n’adhéraient pas aux recommandations diététiques nationales (7). Cette étude a démontré qu’au contraire, les américains ont dans les faits suivi les recommandations depuis, en passant de 45.6% de la diète composée de gras à 33.6% (très proche des recommandations nationales de 30%). De même pour les recommandations de glucides en allant de 37.5% de la diète à 50.5% (très proche aussi des recommandations de 55%).

Ceci s’applique aussi aux recommandations des gras saturés où la consommation est passée de 13.5% à 10.7%, très près des recommandations nationales de 10%.

Pour le cholestérol, où les recommandations étaient en-dessous de 300mg, la consommation est passée de 400 à 300mg.

Par contre, alors que les américains ont suivis les recommandations, les problèmes de surpoids et d’obésité n’ont jamais été aussi problématiques.

Est-ce possible que nous ayons fait une erreur dans nos recommandations et que diminuer notre gras ait en fait empiré nos problèmes de santé ? Ces résultats montrent que pour être en santé ce n’est pas tout simplement à propos de bouger plus et manger moins de gras ou de calories !

Deux autres blogs sur le lien avec le gras et les maladies cardiovasculaires et la perte de gras sont à venir pour en comprendre davantage !

 

 

Pour les scientifiques (et les persuadés que l’épidémie d’obésité est liée à l’augmentation des calories dans la diète et l’augmentation de la sédentarité), voici des points en plus pour vous ! Une étude a évalué qu’une baisse de calories de 4% s’est faite depuis les années 1970 (8). Mais quand nous regardons les graphiques en détails, nous trouvons quelques indices. À gauche se trouve le graphique des changements de la composition de la diète des américains en grammes et en dessous le graphique du changement de la sédentarité (9) des américains :

De 1965 à 1971, les glucides ont été maintenus en quantité, mais le gras a diminué d’environ 25g (environ 230 calories de moins). Au niveau de l’activité physique, pendant ces mêmes années, les américains ont été un peu moins actifs (environ 130 calories de moins). Cela veut dire qu’en théorie si cela était à propos des calories, on aurait perdu du poids, mais cela a été le contraire.

Pareil pour les années 70 à 75, au niveau alimentaire rien a changé, par contre, les américains ont été plus actifs et le poids s’est plus ou moins maintenu. Ceci donne une idée de l’impact de simplement avoir réduit la consommation de gras.

Ensuite, entre les années 75 et 88, le gras a été maintenu, mais les américains ont augmenté leurs apports en glucides d’environ 50g par jour (l’équivalent de 2 à 3 tranches de pain ou 1.5 poing de pâtes même si elles sont de grains entiers !). Ceux-ci équivalent à environ 200 calories. Du côté de l’activité, celle-ci a augmenté aussi d’environ 170 calories, par contre, nous voyons qu’au niveau du poids il y a eu presqu’une augmentation de 30% !

Je pourrais continuer à montrer pour chaque année comment les données ne font pas de sens avec les calories, mais sont en relation avec la diminution du gras et l’augmentation des glucides.

Donc, notre stigmatisation du gras a-t’elle été à la cause de l’épidémie de problème de poids ? Plusieurs facteurs rentrent en compte, par contre le gras en est un important.

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1. O’Brien JS, Sampson EL. Lipid composition of the normal human brain: gray matter, white matter, and myelin. Journal of Lipid Research. 1965;6(4):537-44.
2. Kannel WB, CASTELLI WP, McNAMARA PM. The Coronary Profile: 12-Year Follow-up in the Framingham Study. Journal of Occupational and Environmental Medicine. 1967;9(12):611-9.
3. Dayton S, Chapman JM, Pearce M, PopjÁK GJ. Cholesterol, atherosclerosis, ischemic heart disease, and stroke. Annals of Internal Medicine. 1970;72(1):97-109.
4. Kritchevsky D. History of Recommendations to the Public about Dietary Fat. The Journal of Nutrition. 1998;128(2):449S-52S.
5. United S. Dietary goals for the United States. Washington: U.S. Govt. Print. Off.; 1977. xli, 83 p. p.
6. Evan Cohen, Michael Cragg, Jehan deFonseka, Adele Hite, Melanie Rosenberg, Bin Zhou. Statistical review of US macronutrient consumption data, 1965–2011: Americans have been following dietary guidelines, coincident with the rise in obesity. Nutrition. 2015;31:727-32.
7. McGuire S. U.S. Department of Agriculture and U.S. Department of Health and Human Services, Dietary Guidelines for Americans, 2010. 7th Edition, Washington, DC: U.S. Government Printing Office, January 2011. Advances in Nutrition. 2011;2(3):293-4.
8. Heini AF, Weinsier RL. Divergent trends in obesity and fat intake patterns: The american paradox. The American Journal of Medicine. 1997;102(3):259-64.
9. Ng SW, Popkin B. Time Use and Physical Activity: A Shift Away from Movement across the Globe. Obesity Reviews. 2012;13(8):659-80.